Dans la bibliothèque universitaire, la fameuse « BU », casques et écouteurs sont omniprésents et de nombreux étudiants disent ne pas pouvoir travailler sans musique. Pourtant de nombreuses personnes pensent au contraire qu’écouter de la musique nuit à la concentration. Les avis sur la question sont donc tranchés.
Alors, que penser ? Ce n’est pas simple, d’autant plus que l’écoute de musique se fait souvent dans le but de s’isoler d’un environnement lui-même bruyant…
Clevermate vous montre le résultat de quelques études qui pourront peut-être vous éclairer.
Ecouter de la musique stimule l’intellect
En 1993, le Docteur Rauscher et un groupe de chercheurs de l’Université d’Irvine en Californie publient dans Nature un article qui bouleverse la perception commune de la présence de la musique dans le travail. Elle observe que des étudiants d’un niveau équivalent au baccalauréat obtiennent des résultats 8 à 9 fois supérieurs à un test de raisonnement spatial après l’écoute d’une sonate de Mozart. Etonnement, ce résultat est repris par d’autres publications et ce phénomène d’amélioration des capacités grâce à la musique est rapidement nommé “effet Mozart”. Les médias s’emparent de cette étude et en arrivent à affirmer que la musique améliore toujours les performances intellectuelles. Cet “effet Mozart” est joyeusement repris à leur compte par les jeunes qui y voient une justification pratique pour écouter leur musique pendant leur travail.
La musique perturbe plus l’apprentissage qu’elle n’aide
Pourtant, des recherches plus récentes nous amènent à nuancer cette idée, d’autant plus que l’étude du Docteur Rauscher ne concerne que la musique écoutée avant la réalisation d’une tâche intellectuelle et non pendant sa réalisation.
Nick Perham, un chercheur en psychologie appliquée à la Cardiff Metropolitan University, publie en 2010 une étude qui s’oppose à l’idée même que la musique nous permet de mieux nous concentrer. Lui et son équipe ont mesuré la capacité de différents participants âgés de 18 à 30 ans à mémoriser une liste de lettres pour ensuite les restituer dans différentes conditions d’écoute : dans le silence complet, en écoutant une musique, en écoutant une voix répétant le chiffre trois et en écoutant une voix récitant des nombres de manière aléatoire. Il en ressort que les participants qui ont le moins bien réussi sont ceux qui ont écouté la musique et la liste de chiffres aléatoire quand ceux qui se sont le mieux débrouillés sont ceux qui ont pu faire leur apprentissage en silence ou avec le chiffre trois répété en arrière-plan. La musique a donc une influence négative sur la capacité de mémorisation, d’apprentissage et de concentration. Cependant, il en va de même pour tout bruit extérieur environnant (ce que l’écoute des nombres aléatoires était censée représenter). La musique n’a donc pas le monopole de la déconcentration. Un environnement bruyant et distrayant déconcentrera autant un étudiant voire davantage que de la musique.
Pour une utilisation intelligente de la musique durant le travail
Toutefois la musique n’est pas à bannir totalement de l’environnement de travail. En effet, une étude menée par Teresa Lesiuk de l’Université de Windsor au Canada auprès de développeurs de logiciels montre que la musique influence positivement leur travail. Cette étude se base sur une observation de cinq semaines auprès d’une cinquantaine de développeurs dans leur propre environnement de travail. Cette fois-ci, ce ne sont pas ceux qui travaillent dans le silence qui sont plus performants mais les développeurs qui écoutent de la musique car ils sont de meilleure humeur et donc plus productifs. Dr. Lesiuk note qu’ils sont également les plus créatifs. Or, la créativité est essentielle dans ce métier. Elle remarque néanmoins que les personnes qui ne sont pas habituées à écouter de la musique en travaillant doivent d’abord le devenir avant de ressentir les effets positifs d’un travail en musique.
Autre fait intéressant, Clifford Nass de l’Université de Stanford remarque que la musique possède un fort impact sur notre humeur et notre rythme cardiaque. Il peut ainsi être judicieux d’écouter une musique entrainante lorsque l’on se sent fatigué ou déprimé, et au contraire, une musique plus calme lorsque l’on se sent plutôt énervé. Pour le Dr. Lesiuk, la musique serait ainsi une manière d’atteindre un niveau de tension médian qu’elle estime idéal pour le travail.
De plus, elle remarque que l’écoute de musique avec des paroles a un effet négatif sur les travaux mettant en relation des mots – ce qui ne se vérifie pas sur les tâches avec des chiffres.
Enfin, la musique, surtout lorsqu’elle est écoutée au moyen d’un casque, peut servir à se couper d’un environnement distrayant. C’est ainsi que le chercheur gallois Nick Perhma, qui estime que la musique a un effet négatif sur la mémorisation, pense en revanche que son effet est positif lorsqu’elle permet à l’individu de se concentrer sur son travail en s’extirpant d’un environnement sonore parasite.
En conclusion, il peut donc être bon d’écouter de la musique lorsque l’on effectue des tâches créatives ou lorsque l’on souhaite s’isoler d’un environnement bruyant et se focaliser sur son travail. Néanmoins, il vaudrait mieux éviter d’écouter de la musique en travaillant lorsque l’on a besoin d’effectuer des tâches de mémorisation comme lorsqu’on est en train de préparer un examen d’histoire-géo par exemple. Quant aux activités telles que la résolution de problèmes, l’impact de la musique sur vos aptitudes cérébrales dépendra de votre degré préalable de sensibilisation à la musique pendant vos phases de travail. Et dans tous les cas, privilégiez de la musique sans paroles (musiques classiques, musiques de films/série, musiques d’ambiance, etc)
Il n’y a donc plus qu’à mener vos propres expérimentations pour apprendre à mieux vous connaître et libérer votre potentiel !
Jennifer Biscoe
La musique est vraiment un gros plus en création c’est vrai ! J’ai jamais plus design quelque chose de correct dans le calme.